Filtrer les éléments par date : décembre 2015

mardi, 21 mai 2013 21:11

La première rencontre de LA

Premier Rassemblement Européen des Laïcs Associés
Du 10 au 12 septembre 2010
Comment vivre et témoigner du message de La Salette dans notre vie, chacun dans sa Province.
P. Isidro Augusto Perin, MS
 
Introduction: Le titre qui été par la coordination, m'a laissé dans l'étonnement du choix et dans l'embarras pour composer cet exposé. Vivre quoi et comment? Témoigner quoi et comment? Vivre et témoigner où et comment, si nous voulons donner les justes valeurs à nos différences culturelles? Suite à plusieurs journées de réflexion, je me suis permis de vous proposer cet partage à partir de l'expression très salettine: « la Belle Dame ». Cette qualification nous introduit dans des valeurs comme la « beauté », la « bonté » et la « vérité ». Voilà donc des valeurs très ancrées dans le message de La Salette qui pourront nourrir notre vie et authentifier notre témoignage là où nous vivons.
Cette exchange aura quatre sections:
1)- La beauté, la bonté et la vérité: Que mettons-nous sous ces vocables?
2)- Relecture du Message de La Salette à partir de la beauté, de la bonté et de la vérité.
3)- La beauté, la bonté et la vérité, signes d'espérance
4)- Quelques conclusions.
Mon exposé donc ne prétend autre qu'identifier des valeurs à vivre et à témoigner à partir du message de La Salette en tant que salettins, religieux ou laïcs. Celui-ci est composé en quatre unités, avec une question pour chaque unité; ce qui permettra d'étudier ce texte, en petits groups, en quatre réunions consécutives, avec des laïcs associés de votre province, soit pour l'enrichir soit pour l'adapter à la réalité de votre pays et de votre culture.
 
1)- LA BEAUTÉ, LA BONTÉ ET LA VÉRITÉ: que mettons-nous sous ces vocables?
Les pèlerins qui fréquentent ce sanctuaire et les lecteurs de la littérature salettine s'étonnent par des expressions souvent répétées: « la Belle Dame, la beauté, du site, la fraîcheur et la lourdeur du message, la luminosité du crucifix, l'émerveillement de Maximin et Mélanie devant l'expérience qu'ils vivaient le 19 septembre 1846... ». On se rend compte que l'homme moderne a faim des actions lumineuses dans sa recherche pour faire la vérité sur sa vie, sur son rapport au monde, aux autres et à Dieu. Il est temps donc d'exprimer de Divin qui est en nous par l'expression et la recherche de la « Beauté », de la « Bonté » et de la « vérité ». Il est beau tout ce qui contribue à l'évolution raisonnable de l'humanité; est bon celui qui se bat de tout son cœur pour le respect de la dynamique de la création, pour la paix dans le monde, pour l'œcuménisme, pour le dialogue inter culturel et inter religieux...; est vrai celui qui identifie les signes de l'action divine multiforme dans toute création et ouvre une fenêtre vers l'avenir définitif d'humanité.
En nous élevant, nous transformons le monde pour qu'il révèle sa beauté; en nous aimant, nous guérissons et réconcilions le monde pour qu'il manifeste sa bonté; en nous reliant avec les autres nous serons des témoins de la vérité de tout être humain appelé à vivre en communion à l'image et à la ressemblance de la Trinité. Vouloir activement le Bien de tous sur la terre est Beauté, tendre la main à un enfant du monde est beauté, s'émerveiller du don de la nature dans une pensée de gratitude est beauté. Se laisser émerveiller par la Beauté du cœur humain et par la beauté en toute chose est notre premier devoir pour que se tisse solidement le futur de l'humanité. «La voie de la beauté nous aide à découvrir la signification de la sainteté et nous permet de nous laisser enchanter par celle-ci pour qu'elle puisse être parlante au monde qui est le nôtre. Vivre «dans le monde sans être du monde », pour l'amour de Dieu est la signification plus profonde de la sainteté selon la Bible » (1). La beauté donc est unité, car elle signifie union avec Dieu. La beauté est aspiration à la parousie car elle permet de nous accrocher à Celui par lequel nous avons été créés.
Notre temps est marqué par des idéologies et des utopies fortement rationalistes et matérialistes dont la beauté a été éliminée, exilée, réduite à bagatelle parce qui elle n'ajoute rien aux valeurs économiques et financières. Elle a été anéantie au nom de l'économie à grande échelle. Urs von Balthazar, en prenant conscience du dégât que cette conception aurait causé à la vie chrétienne et à la sainteté, a voulu reprendre le thème de la beauté et de sa signification dans le contexte moderne: « Dans un monde sans beauté... le beau pareillement a perdu sa force d'attraction... Dans un monde qui se considère incapable d'affermir la beauté, les arguments en faveur de la vérité n'ont plus raison d'être » (2).
La théologie, après un temps d'éloignement et d'embarras reprend la réflexion sur le thème du mystère de la beauté. Souvent la beauté à été réduite à la sphère de l'émotion, du subjectivisme et de l'arbitraire... Par contre, la beauté est une voie privilégiée pour identifier, dans le temps, la plénitude du sens de l'existence humaine qui nous incite à céder ou à succomber à la misère, à la pauvreté, à l'incommunicabilité, à la division, à la guerre, au fatalisme... Il ne s'agit pas d'une intuition facile, édifiante et consolatrice... au contraire, la beauté est une invitation à l'immersion radicale dans l'histoire du salut, le mystère qui, partant de la fragilité du présent, nous ouvre à une perspective eschatologique. La beauté est une fascinante image du monde définitif à venir.
De quelle beauté parle-t-on? Sans doute, de la beauté ascétique et spirituelle du message de Marie à La Salette. Le but est de susciter l'émerveillement et la gratitude car nous y identifions la sagesse de l'éternelle beauté de Dieu. La beauté comme un parcours ascétique et spirituel qui nous achemine vers la recherche du sens dans un monde qui a anéanti tous les points de repères. Est-ce que ne serions-nous pas, en tant que MS, MSF, SNDS avec les laïcs associés, appelés à rechercher et à promouvoir cette beauté dont parle Pavel Florenskij, « La vérité manifestée est amour. L'amour accompli est beauté. C'est digne, juste et bon de laisser que l'amour de Dieu envahisse tout notre être pour qu'il y soit une présence toujours transformatrice ».
1ère question: Comment vivons-nous ces valeurs et comment les témoignons-nous?
 
2) - RELECTURE DU MESSAGE DE LA SALETTE A PARTIR DE LA BEAUTÉ, DE LA BONTÉ ET DE LA VERITÉ:
2.1)- Le caractère maternel avec lequel Marie se présente dans la détresse d'un peuple:
La Salette est un village perdu dans la chaîne des Alpes... Vers la moitié du XIX siècle ce lieu était méconnu du monde de l'époque, néanmoins dans ces douze villages avoisinants vivaient environ six cents personnes. Celles-ci, appauvries par des épidémies et par de faibles récoltes, ignoraient tout ce que se passait au delà de cette montagne...
Est-ce qu'on peut s'attendre à identifier des signes de la beauté, de la bonté et de la vérité dans ce lieu perdu, habité en grande partie par des malheureux? Rien d'étonnant si jadis on disait: « De Nazareth? Qu'est-ce qui peut en sortir de bon?
Voilà que le 19 septembre 1846, deux bergers, Maximin et Mélanie, respectivement à l'âge de 11 et 14 ans témoignent d'avoir vu un globe de feu qui tournait sur lui-même « comme si le soleil aurait tombé là ». Au centre de cette éblouissante clarté une femme y apparaît, assise, la tête dans les mains, les coudes sur les genoux, une croix sur la poitrine d'où émanait une forte lumière qui enveloppait tous les trois. Elle leur confie un message et, ensuite, elle marche vers le petit sommet et, en s 'élevant, elle « se fond dans la lumière ».
Les premiers mots de Marie disent sa vocation de mère: « Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle ». Marie poursuit la mission qu'elle a reçue de son Fils au pied de la croix: « Femme, voici ton fils... Voici ta mère... et à partir de ce moment le disciple la reçut chez lui »(4). Les enfants pensaient d'avoir rencontré une « maman que ses enfants auraient battue et qui se serait ensauvée dans la montagne pour pleurer ». Seulement après l'assomption de la BELLE-DAME, Mélanie s'est exclamé: « C'était, peut-être, une grande sainte » et Maximin ajouta: « Si nous l'avions su, nous lui aurions dit de nous mener avec elle ». Faute de culture, les enfants non pas réussi à saisir l'identité de la Belle-Dame. Quelques heures plus tard, la mère Caron, après avoir entendu la narration des bergers, dévoilera l'identité de la BELLE-DAME: « C'est la sainte Vierge que ces enfants ont vue, car il n'y a qu'elle au ciel dont le Fils gouverne ».
Le message de Marie contraste avec la pratique pastorale de l'époque, laquelle souvent, présentait l'image d'un Dieu exigeant, toujours prêt à condamner, et appelant à des œuvres de réparation destinées à l'apaiser. En vrai, les premiers mots adressés par Marie aux deux bergers peuvent être interprétés dans ce mode là: « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis le maintenir... Depuis le temps que je souffre pour vous autres! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse, et pour vous autres, vous n'en faites pas cas... Le carême, ils vont à la boucherie comme les chiens... ».
Toutes ces récriminations, semblables à d'autres à l'usage dans cette époque là, semblent s 'opposer à la mission que Marie a reçue au pied de la croix, c'est-à-dire, d'accueillir ses enfants plongés dans la confusion du péché afin de les enfanter pour une vie nouvelle selon le désir de son Fils. Le poids du bras de son Fils n'a qu'une seule explication: les péchés dont Marie ne cite que quelques uns « le mépris du nom du Seigneur, la profanation du jour du Seigneur, l'abandon de la prière et de la pratique religieuse... ». La GS aide à lire ces réprimandes dans un langage plus actuel: « C'est en lui même que l'homme est divisé. Voici que toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres. Bien plus, voici que l'homme se découvre incapable par lui-même de vaincre effectivement les assauts de mal: et ainsi, chacun se sent comme chargé de chaînes » (5).
Dans son apparition, Marie aide Maximin et Mélanie à lire l'histoire de leurs contemporains pour y identifier les défis et les provocations de Dieu: « Si la récolte se gâte... si le blé tombe en poussière... si les pommes de terre pourrissent...si les noix deviennent vides... si les raisins sèchent...ce n'est qu'à cause de vous autres ». Elle va plus loin en faisant mémoire: « Je vous l'ai fait voir l'année passée par les pommes de terre, vous n'en n'avez pas fait cas...quand vous trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu ». Marie identifie les maux de ce temps là et dévoile les comportements des êtres humains face à leurs détresses: « vous mettiez le nom de mon Fils au milieu ». En ravivant la mémoire des ces données et des attitudes des gens, elle ne veut que provoquer la prise de conscience du besoin de sortir de l'immobilisme et de l'apathie: « Je vous l'ai fait voir l'année passée... et vous n'en n'avez pas fait cas » et, en même temps, assumer la responsabilité d'aller vers un changement courageux: « S'ils se convertissent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé et les pommes de terre seront ensemencées par les terres ». Marie nous remet donc au coeur de ce monde et au cœur de l'évangile: « Le Règne de Dieu est là, convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle »(6)... « Cherchez d'abord le Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus » (7). Il ne s'agit pas d'aliéner notre liberté mais plutôt de « se soumettre », c'est-à-dire, de se conformer à la dynamique du Christ, d'accepter l'amour gratuit de Dieu et de l'aimer avec toutes nos énergies et toutes nos forces.
A partir de son visage maternel, deux choses étonnantes sont à prendre en considération:
a)- Le caractère éminemment concret de son message: Il y a une claire syntonie entre la façon de parler de Marie à La Salette, en faisant recours au langage rural typique du XIX siècle et celui de la Bible. L'un et l'autre nous apprennent à identifier la présence de Dieu au sein des réalités concrètes de son peuple. Rappelons-nous l'épisode de la terre du Coïn. Marie nous aide à découvrir, à travers les trames des événements de notre existence, la présence toujours discrète de Dieu qui « fait des merveilles » et qui est toujours fidèle à l'alliance qu'il a tissée avec son peuple.
b)- La force des larmes d'une maman: Mélanie affirma catégoriquement: « Elle a pleuré tout le temps qu'elle nous a parlé... J'ai bien vu couler ses larmes, elles coulaient, elles coulaient. Jean Paul II donne son interprétation à ces larmes: « Les larmes de Marie à La Salette sont à la fois le rappel de celles du Calvaire et le signe de son incessante tendresse à notre égard: elles disent son impuissance face à la gravité de notre refus de Dieu et de notre indifférence face aux réalités historiques »(8). Le refus de Dieu et l'indifférence manifestent l'urgence de la conversion: « Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n'est pas encore achevé, ou qui se trouvent dans les périls et les épreuves » (9). Les larmes amoureuses de Marie montrent qu'elle est toujours attentive soit aux indifférences et aux péchés des êtres humains, soit à leurs soucis et à leurs espoirs historiques. Elles disent à quel point nous devons prendre au sérieux l'appel à la conversion! Le caractère maternel que Marie révèle à La Salette confirme sa maternité spirituelle et assure qu'elle a pris au sérieux la mission qu'elle a reçue de son Fils au pied de la croix. Comme mère, Marie nous achemine, sans cesse, à la Parole de Dieu, à la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, à l'Évangile souvent oublié...
J'ose donc affirmer que les larmes de Marie, face à la détresse de son peuple, indiquent qu'elle a le souci de toute personne en difficulté, qu'elle continue à croire dans le dynamisme de la foi et de l'amour. Elle, qui a vécu dans sa chair, les enjeux de son exil en Égypte, de la souffrance au Calvaire et de la résurrection de son Fils peut témoigner, à La Salette, de la beauté et de la bonté de l'être humain que décide de reprendre le chemin de la compassion et de la solidarité entre les humains, du respect de la création, de la communion avec Celui qui est le chemin à parcourir, la vie à vivre et la vérité porteuse d'espérance.
 
2.2)- La pédagogie terre-à-terre avec laquelle Marie s'adresse à Maximin et Mélanie: Marie s'adapte « au patois » des enfants et les éduque à lire les signes de temps à partir de la réalité qui les entoure: « le blé en poussière... les pommes gâtées... noix vides... les raisins pourris... les enfants morts dans les bras des leurs mamans... ». Tous ces éléments étaient familiers aux bergers. Ils connaissaient aussi les réactions de leurs contemporains: l'abandon de la pratique religieuse, de la prière et la méfiance vers Dieu. Donc des questions surgissaient: « Si Dieu est bon, pourquoi permet-il toutes ces choses? Serait-il un Dieu qui se venge des fautes des hommes? Pour plusieurs, Dieu est la cause de tous les maux... Voilà donc la raison de base que explique pourquoi les hommes font un mauvais usage du nom du Seigneur, abandonnent la messe dominicale et la prière journalière...
Marie, par contre, déclare: « Si la récolte se gâte ce n'est rien que pour vous autres. Je vous l'ai fait voir l'année passée... vous n'en avez pas fait cas ». En d'autres mots, Marie invite tous les êtres humains à examiner soigneusement leurs comportements, leur agir, leurs convictions... « C'est aux fruits qu'on connaît l'arbre » disait Jésus; « ce n'est pas ce qui pénètre dans le cœur de l'homme qui empoisonne son être, c'est le poison que l'habite qui empoisonne tout ce qui l'entoure », disait une pèlerine du nord du Brésil lors de sa visite au sanctuaire en 2007, après avoir médité le message de La Salette.
Marie à La Salette, se révèle une « pédagogue terre-à-terre » qui essaye d'éduquer les êtres humains à découvrir leurs responsabilités dans le présent de leur vie. Marie, n'est pas l'objet de dévotion, de culte, de pitié... Elle est, tout d'abord, une mère pédagogue qui partage les drames, les angoisses et les espoirs des enfants de Dieu dispersés dans cette « Vallée de larmes ». Elle aide, aussi, à identifier les manques dans nos vies qui empêchent une vie de communion heureuse. Elle, comme jadis aux noces de Cana, en indique les engagements conséquents pour surmonter les déficiences humaines en obéissant aux orientations de son Fils: « Faites tout ce qu'il vous dira ».
Marie, à La Salette, fait usage d'une pédagogie pastorale très répandue après le Vatican II: « VOIR, JUGER, AGIR ». Cette pédagogie suppose trois choses: La prise de conscience du vécu des gens dans un contexte très concret, juger celui-ci à la lumière de la Parole de Dieu et organiser des actions pour transformer la réalité à partir de la « Bonne Nouvelle ».
« Voir, Juger, agir » peuvent devenir les trois pieds d'une ascèse qui se croit chrétienne... La conversion dont parle Marie à La Salette présuppose la victoire de la vérité sur l'hypocrisie, de la bonté sur l'amertume, de l'amour sur la haine; bref, tout cela présuppose le courage de se laisser enchanter par la beauté de la vocation de tout être humain appelé à vivre en Dieu et pour Dieu.
2ème. Question: La méthode: « Voir, Juger, Agir » c'est un appel à la conversion dans notre pratique pastorale. Comment en faisons-nous l'usage de cette méthode?
2.3)– L'image de Dieu qu'elle dévoile: « N'avez-vous point vu de blé gâté, mes enfants?». « Non, madame! » « Mais vous, Maximin, vous devez bien en avoir vu une fois, au Coïn, avec votre père. Le maître du champ dit à ton père d'aller voir son blé gâté. Vous y êtes allés. Vous avez pris deux ou trois épis de blé dans vos mains, vous les avez froissées, et tout tomba en poussière. En vous retournant, quand vous n'étiez plus qu'à une demi-heure loin de Corps, votre père vous donna un morceau de pain en vous disant: Tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l'an qui vient si le blé continue comme ça ».
Voilà la secret de la Salette: Monsieur Giraud, depuis longtemps avait abandonné la pratique sacramentelle et il était un assidu du bar placé en face de l'église. De ce lieu là, il se moquait de ceux qui allaient à la messe. Quand Maximin lui rappelle cet épisode, il se moque en disant « mon enfant, serait-il possible que la sainte Vierge puisse apparaître à toi en sachant qui est ton papa? ». Il enchaîne son enfant pour qu'il ne puisse pas sortir et dire des choses pareilles. Maximin donc lui dit: « Papa, elle m'a parlé de toi ». « Qu'aurait-elle dit ». Maximin donc lui rappelle l'épisode de la terre de Coïn. Monsieur Giraud n'a pas réussi à dormir cette nuit là. Le lendemain il demande à son fils de le conduire au lieu de la dite apparition. En y arrivant, Maximin lui fait part de ce qui s'était passé, il boit de l'eau de la source et il fût guéri de la maladie de l'asthme. Ce fût le premier miracle de La Salette. Monsieur Giraud donc change de vie et à partir de ce jour là il participe à la messe tous les jours.
Pour les contemporains de l'Apparition, habitués à concevoir Dieu comme le responsable des maux qui les entourent, Marie révèle un Dieu proche qui accompagne les hommes dans leurs drames quotidiens; un Dieu qui participe aux soucis d'un père de famille de nourrir son enfant dans un temps de détresse sans s'en tenir au fait que ce papa se moquait de Lui. Marie à La Salette, montre un Dieu qui aime surtout la brebis éloignée qui se moque de Lui; elle révèle un Dieu, « bon Berger », qui est toujours à la recherche de la brebis égarée... En faisant mémoire de cet épisode, Marie rappelle que Dieu, « riche en miséricorde » est toujours attentif aux détails de nos vies: nos luttes avec nos chutes et nos réussites, avec nos espoirs et nos désillusions...
La mémoire que Marie fait de l'événement de la terre de Coïn nous plonge dans le mystère d'un Dieu solidaire avec les hommes dans le plus concret de leur vie. Dieu est au cœur des gestes, des actions et des signes de solidarité, de mutualité et de communion entre les êtres humains, chrétiens ou non, assidus à la pratique sacramentelle ou non... Dieu est là comme compagnon de route, il fait chemin avec ceux qui ont le souci de la perfection et de la sainteté et pareillement avec ceux qui marchent sans se rendre compte de la valeur évangélique de tous les petits gestes vers les autres. Marie nous aide donc à cheminer vers une transformation personnelle, vers un dépassement de nos mesquineries, vers la cicatrisation de nos peurs et de nos préjugés paralysants. Marie, par le rappel de cet épisode, a réussi à hausser la vision que M. Giraud avait du monde et des hommes pour le rendre davantage capable d'entrer dans la connaissance et la sagesse du Père. Il comprend donc que chaque personne a sa place et ses responsabilités dans ce monde et que Dieu anime tous ceux qui s'engagent à être au service de la vie de tous. En partant d'un geste de solidarité très simple et presque banal, Marie nous apprend que tout geste accompli par amour nous défie à nous engager pour devenir « parfaits comme le Père est parfait ».
3ème question: Dieu et l'homme ont leur place dans l'histoire du salut. Comment vivons-nous le mystère de l'alliance dans le concret de notre vie?
 
3)- LA BEAUTÉ, LA BONTÉ ET LA VÉRITÉ, signes d'espérance.
Des questions sont souvent posées par les pèlerins: « pourquoi Dieu permet-il que le mal subsiste dans le monde? Comment concilier la beauté du crucifix lumineux que Marie porte sur sa poitrine avec une humanité parfois cynique et cruelle? Comment comprendre l'affirmation de Jean Paul II: « La Salette est un message d'espérance? »
Je crois que la beauté de Dieu révélée dans la résurrection du Christ s'oppose à l'horreur du mal qui n'est que l'anéantissement de la beauté. Celle-ci est toujours anéantie là où les fractures triomphent, là où la violence et la haine remplacent l'amour et l'assujettissement prend la place de la justice. Donc la question posée par Dostoevskij est d'actualité: Quelle beauté pourrait-elle sauver le monde? «La beauté que sauvera l'humanité est l'amour compatissant face à la souffrance » réplique le petit mourant Myskin (10).
Le Cardinal Martini nous rappelle: « A partir du mystère pascal, Dieu se révèle Père, Fils et Saint Esprit... Il s'agit donc d'entrer dans le mystère de la Sainte Trinité à partir du Fils... La Trinité n'est pas une théorie abstraite ou une série de dictons, mais c'est quelque chose qui nous habite et nous aide à nous laisser enchanter par le mystère divin. De ce point de départ, est-il possible se poser des questions sur le monde et sur l'histoire, sans la préoccupation d'avoir des réponses théoriques, mais pour nous laisser emballer par la passion d'amour et de miséricorde avec laquelle la Sainte Trinité créa le monde et le récrée, toujours à nouveau , pour le conduire à sa perfection » (11).
Marie à La Salette nous dévoile la corrélation entre la beauté et la suite de Jésus, entre la beauté et la rédemption. Selon l'Écriture, est « belle » la personne qui accueille et vive la Parole de Dieu. Jésus est le « plus beau de la race d'Adam » car il a obéi constamment à la volonté du Père: «Ma nourriture c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et de mener à bien son œuvre » (12)... car « celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne me laisse jamais seul car je fais toujours ce qui lui est agréable» (13). Marie est « la plus belle des femmes » (14) car elle a toujours dit « OUI » à Dieu (15). C'est comme telle que Marie se présente à La Salette: toute prête à accomplir la volonté de son Fils et à nous rappeler à accepter les exigences de l'Évangile. La dévotion mariale se transforme dans une opportunité de se laisser émerveiller par la beauté spirituelle, qui se manifeste par la croix lumineuse du Christ qu'elle porte sur sa poitrine.
C'est vrai que la compréhension qu'on a souvent de la Croix du Christ et de celles de nos vies peut nous emprisonner dans une logique de mort et de destruction, dans une dynamique du néant et du non-sens... La Croix lumineuse est un appel à identifier, dans les luttes pour la libération des esclavages présents dans notre monde, des rayons d'espérance et des chaînes de petites lumières qui illuminent la vocation de tout homme à vivre, en Dieu et pour Dieu, l'amour vers tous les humains.
4ème question: Quels signes d'espérance pouvons-nous susciter à partir du message de La Salette?
 
4)- Quelques Conclusions:
4.1) - La beauté et la bonté rayonnées par Marie auprès de Jésus, de Joseph et du peuple de son temps, disent de la vérité de son attachement à Dieu et de son amour maternel vers toutes les générations. Dans son apparition à La Salette elle nous invite à valoriser les choses communes et simples de telle façon que les comportements simples et humbles de notre histoire deviennent une fenêtre ouverte vers l'horizon de Dieu. Un horizon ouvert aux réalités de notre temps pour les accueillir et pour les transfigurer pour l'éternité.
4.2)- La personnalité de Marie, ses actions, ses prières, ses paroles... à Nazareth, à Jérusalem, à La Salette, à Lourdes, à Fatima..., conduisent au Christ. Hier, aujourd'hui et toujours, elle exhorte à la persévérance, à la joie et à l'espérance: « Tu as cru, toi, en l'accomplissement de ce que le Seigneur t'a fait dire: heureuse est-tu »(16). Par ses actes, son silence, ses paroles, et sa souffrance... elle a fait du Christ le Seigneur de sa vie et a proclamé sans cesse qu'il était la source de son espérance. Cette certitude a conduit Jean Paul II a affirmer que « La Salette est un message d'espérance »(17) . Le peuple de Dieu, souvent désenchanté par la réalité qui l'entoure, continue à proclamer que Marie est le plus convaincant exemple d'une femme capable de croire, contre toute espérance, à la réalisation des promesses de Dieu. Marie, la toute belle, nous aide à découvrir le sens le plus profond de la sainteté et de la fidélité sans failles; son agir n'est que bonté car elle se révèle une mère compatissante face aux péchés et face aux détresses de tous les frères de son Fils; sa prière et son agir ne sont que l'expression de la vérité de son « OUI » à la volonté de Dieu.
4.3)- Au long du temps et, aujourd'hui encore, on constate que des hommes et des femmes de toutes races et de tous horizons culturels, à partir du message de La Salette, se sentent appelés à re-découvrir, en son Fils Jésus, la valeur de la beauté qui sanctifie, de la bonté qui bâtit la communion et de la vérité qui conduit à la soumission amoureuse au Père. Ces valeurs permettront aux hommes de bonne volonté de s'aventurer sur des chemins de conversion, d'approfondissement de la foi, de renforcement du dynamisme quotidien pour discerner, toujours à nouveau, les raisons de leur engagement avec et par le Christ au service de «de tout homme et de tous les hommes».
 
 
Notes:
1)- Bruno Forte, Santità Trinitaria del Sacerdote, Conférence au Congrès Sacerdotale, Malta Octobre, 2004.
2)- H.U. Von Balthazar, La percepzione della forma; una estetica teologica, Jaca Book, Milano, 1975, p. 11.
3)- P. Florenskij, Amore e Bellezza, in Cristianesimo e bellezza)
4)- Cf. Jn 19, 25-27).
5)- Gaudium et Spes, n. 13.
6)- Mc 1, 15
7)- Mt 6, 33
8)- Jean Paul II, Lettre du 150ème anniversaire de l'Apparition de La Salette.
9)- Lumen Gentium, n° 62
10-Cf. F. Dotoesvski, L'Idiota, Milano 1998, p. 645.
11)- C. M. Martini, Quale bellezza salverà il mondo? Lettera Pastorale 1999-2000, Centro Ambrosiano, Milano 1999, p. 21-22.
12)- Jean 4, 34 - 13)- Jean 8, 29).
14)- Cantiques 1,8)
15)- Luc 1, 38; 8, 21; 11, 28).
16)- Luc 1, 45.
17)- Jean Paul II, Lettre du 150ème anniversaire de l'Apparition de La Salette.
Publié dans LAIQUE ASSOCIÉS (FR)
lundi, 20 mai 2013 22:29

Documents

 

Les évêques de La Salette

1. MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE GRENOBLE, PHILIBERT DE BRUILLARD, AUTORISANT L'ÉRECTION D'UN NOUVEAU SANCTUAIRE A MARIE, SUR LA MONTAGNE DE LA SALETTE. Word    19 septembre 1851

2. LETTRE PASTORALE ET MANDEMENT DE  L'ÉVÊQUE DE GRENOBLE, PHILIBERT DE BRUILLARD, QUI ANNONCE LA POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU WordSANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE LA SALETTE.  1 mai 1852

 

Autres:

Lettre du P. Denaz à Mgr Ginoulhiac du 4 août 1855.  Word

,

Publié dans RESSOURCES (FR)
lundi, 20 mai 2013 15:19

Conseil Général

Conseil Général

       
p. Jacek Pawlowski ms

Vicaire général
Commission de Formation
Commission économique
Commission des communications
p. Jojohn Chettiyakunnel ms

Conseiller General
Commission de Formation
Commission JUSTICE  et PAIX
Commission des communications
 p. Manuel dos Reis Bonfim ms

Conseiller General
Commission JUSTICE  et PAIX
Secrétaire de la KEP
 
p. Venancio Nunda ms

Conseiller General 
Recteur de la Maison
Responsable de Sanctuaire
de La Salette

Commission économique

Les membres de l'Administration Générale

    Alex

p. Belarmino Tchipundukwa ms

Secrétaire général

Commission des communications
Procureur auprès du Vatican

p. Alex Valummel ms

Econome général

Commission économique
Publié dans CONTACT (FR)
mercredi, 15 mai 2013 21:12

Constitutions

 
 
CHAPITRE PREMIER
NOTRE CONGRÉGATION
1. Les Missionnaires de Notre-Dame de La Salette forment, au sein du Peuple de Dieu, une Congrégation religieuse et apostolique, vouée au ministère de la Réconciliation.
2. Notre Congrégation comprend des prêtres et des frères, unis par la même vocation religieuse. De par le Saint-Siège, nous sommes définis comme institut religieux clérical de Droit pontifical.
3. Incorporés à l'Eglise par notre baptême, nous participons à sa mission. Par la profession des vœux publics de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, nous nous consacrons, à un titre nouveau, à cette mission et nous nous engageons à vivre dans une communauté religieuse qui soit un signe du Royaume.
4. Animés par l'Esprit-Saint qui a poussé le Fils de Dieu à vivre notre condition d'homme et à mourir sur la croix pour réconcilier le monde à son Père, nous nous voulons, à la lumière de l'Apparition de Notre-Dame de La Salette, les serviteurs dévoués du Christ et de l'Eglise, en vue de l'accomplissement du mystère de la Réconciliation.
5. Fidèles à nos origines, nous vouons un amour profond à Marie, Mère du Christ et de l'Eglise. Par notre apostolat, nous suivons l'exemple de la Servante du Seigneur qui fut établie Réconciliatrice particulièrement au pied de la croix.
6. Nous nous appliquons à mettre en lumière les valeurs profondément évangéliques de prière, pénitence et zèle, contenues dans le message de Notre-Dame de La Salette qui nous appelle à la conversion. Nous nous efforçons de vivre nous-mêmes ces valeurs, afin que, par le témoignage de notre vie autant que par notre parole, nous amenions les hommes à s'ouvrir à la Bonne Nouvelle que nous avons mission de faire passer à tous.
 
CHAPITRE II
NOTRE CONGRÉGATION RELIGIEUSE
7. Le Christ est la Règle de notre vie.
8. Par le baptême, nous participons au mystère de sa mort et de sa résurrection. Répondant librement et entièrement à son appel, nous voulons imiter le Christ chaste, pauvre et obéissant. Ainsi, par notre profession des vœux publics de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, nous sommes consacrés à Dieu. Vécue dans l'intimité du Christ, notre consécration nous conduira à une totale disponibilité à son service et à celui de notre prochain.
9. Attirés par le Christ, nous le suivons dans la chasteté, vouant à Dieu notre personne dans la continence parfaite et dans le célibat pour le Royaume. Nous voulons ainsi aimer le Seigneur d'un amour préférentiel en réponse au grand amour dont Lui-même nous a aimés le premier et témoig¬ner du Royaume à venir où il sera tout à tous. De plus, nous nous efforçons de développer constamment les puissances affectives que le Seigneur a mises en nous, afin de devenir, à travers des amitiés désintéressées et sincères, profondément humaines et ouvertes à tous, les instruments de l'amour de compassion dont Dieu entoure tous les hommes.
10. Désireux d'être pauvres comme le Christ, à l'exemple des apôtres qui ont tout quitté pour le suivre, nous travail¬lons à réaliser en nous le détachement évangélique; confiants dans la Providence du Père, nous nous voulons libres de tout souci excessif à l'égard des biens de ce monde pour chercher avant tout le Royaume de Dieu et mieux répondre à la "clameur des pauvres". Par notre vœu, nous renonçons au droit d'user et de disposer des biens matériels, indépendamment des supérieurs. Nous nous engageons à vivre simplement et modestement, à partager comme des frères nos aptitudes, notre temps et les fruits de notre travail au service de notre mission commune.
11. Marchant sur les pas du Christ qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort de la croix, nous communions profondément à la volonté salvifique de Père à laquelle nous soumettons toute notre vie. Cette volonté nous est signifiée par l'Eglise, notre Congrégation et nos supérieurs; mais nous devons aussi la rechercher avec nos frères à travers les situations concrètes de notre existence. Par notre vœu, nous nous engageons à obéir aux supérieurs légitimes lorsqu'ils commandent conformément aux Constitutions, et au Souverain Pontife comme à notre supérieur suprême.
12. Par notre consécration, nous nous engageons à vivre une vie fraternelle, authentifiée par l'Eglise, dans laquelle nous partageons le même idéal. Par l'observance de nos trois vœux, nous acquérons la liberté nécessaire pour nous
donner totalement à notre famille religieuse et à son apostolat. C'est dans la mesure où nous nous efforçons, avec notre communauté, de réaliser effectivement cet idéal, que nous pouvons témoigner, en toute vérité, de la primauté des valeurs évangéliques.
13. C'est à l'exemple de Marie, "dont la vie est une règle de conduite pour tous" et dont l'intercession incessante soutient nos efforts, que nous voulons vivre notre consécration religieuse. Soucieux de répondre à l'appel qu'elle continue de nous lancer à travers son Apparition, nous nous efforçons de nous livrer entièrement comme elle, la Servante du Seigneur, à la personne et à l'œuvre de son Fils.
 
CHAPITRE III
NOTRE VIE DE COMMUNAUTE
14. En réponse à l'appel de Dieu et pour réaliser la prière du Christ: "Qu'ils soient un...afin que le monde croie", nous
nous engageons à vivre ensemble notre vocation apostolique à la Réconciliation, unis dans la même foi, la même espérance, et animés par le même Esprit, ne formant qu'un cœur et qu'une âme dans une même famille religieuse.
15. Unis par le baptême, par la profession des conseils évangéliques, par notre vénération pour Marie Réconciliatrice des pêcheurs, et par la mission de notre Congrégation, c'est en tant que communauté que nous sommes pour le monde les témoins de la présence de Dieu parmi nous, et de la puissance de l'évangile à rassembler, dans une communion fraternelle, des hommes de toute langue, de toute race et de toute nation.
16. Dans un véritable esprit de charité, chaque membre est responsable de la vitalité de sa communauté et chacun réalisera son épanouissement personnel en participant
activement aux efforts de tous pour créer un climat de vérité, de confiance et de cordialité.
17. Animés par le même amour du Christ au service de la même mission, nous sommes tous solidaires dans l'apostolat: aussi sommes-nous appelés à unir nos efforts pour l'édification du Royaume de Dieu.
18. Nous acceptant, nous aimant les uns les autres, et sachant nous pardonner mutuellement dans un esprit de charité chrétienne, nous veillerons à nous rendre service jusque dans les menus détails qui forment la trame de la vie de communauté. Nous entourerons d'une sollicitude particulière nos frères malades, infirmes et âgés en leur apportant toute l'aide matérielle, morale et spirituelle que nécessite leur état. Nous garderons fidèlement devant le Seigneur le souvenir de nos défunts, en observant les suffrages prescrits.
19. Convaincus de l'influence mutuelle de notre vie de foi personnelle et de celle de la communauté, nous nous retrouverons régulièrement ensemble pour prier. La prière communautaire, spécialement l'Eucharistie, sera la source principale où nous puiserons la foi et la charité nécessaires à l'unité de notre communauté et à l'accomplissement de notre mission.
20. Pour resserrer davantage les liens fraternels qui nous unissent nous mettrons à profit les occasions qui sont l'expression de l'amitié humaine et concrétisent notre fraternité.
21. Nos communautés doivent être signes vivants de l'amour du Christ. Elles seront ouvertes et accueillantes à tous. Notre hospitalité sera ainsi un témoignage de notre désir et de notre joie de partage notre vie et d'être au service de tous.
 
CHAPITRE IV
NOTRE VIE APOSTOLIQUE
22. Notre Congrégation est appelée à être un signe et un instrument de l'œuvre de Réconciliation réalisée par le Christ et à laquelle Marie est si étroitement associée, comme elle nous le rappelle dans son Apparition.
23. Nous inspirant du message de Notre-Dame à La Salette, nous appliquons nos efforts:
- à la réconciliation des pécheurs et à la libération de tous les hommes dans la soumission à la volonté du Père;
- à l'éveil et à l'approfondissement de la foi dans le Peuple de Dieu, afin que toutes les réalités humaines soient éclairées par la lumière de l'Evangile;
- à l'annonce de la Bonne Nouvelle là où elle n'est pas encore connue;
- à la mutuelle compréhension et au rapprochement des différentes religions dans la charité et la vérité;
- à la lutte contre les maux qui, aujourd'hui, compromettent le dessein salvifique de Dieu et la dignité de l'homme.
Dans ces différents engagements apostoliques, nous mettons en relief le rôle incomparable que Marie a tenu dans l'histoire du Salut et qui est encore le sien aujourd'hui dans la vie de l'Eglise.
24. Disciples du Christ nous vivons en communion avec Lui. Apôtres, nous nous laissons, comme Lui, conduire par l'Esprit, pour l'accomplissement du dessein d'amour du Père. Notre vie, comme celle du Christ, sera faite à la fois de prière et d'action apostolique au service des hommes pour le Royaume de Dieu.
25. Le Christ est venu apporter la Bonne Nouvelle de la libération à tous les hommes; il avait un regard particulier pour les pauvres et les opprimés. Marie, à La Salette, a fait passer son message à tout son peuple par l'intermédiaire des petits et des humbles. Ainsi, dans nos différentes activités apostoliques auprès du Peuple de Dieu tout entier, nous allons de préférence vers les délaissés de ce monde et vers ceux qui sont éloignés de Dieu et de l'Eglise.
26. Sensibles aux besoins de l'Eglise universelle et des Eglises locales, et conformément à notre charisme, attentifs aux signes des temps, nous nous adonnons généreusement aux tâches apostoliques pour lesquelles, à travers la prière et le discernement, nous nous sentons appelés par la Providence. De plus, nous remettons volontiers en question nos activités apostoliques et nous veillons à renouveler nos méthodes en les adaptant toujours mieux aux circonstances de lieu et de temps et aux exigences des milieux dans lesquels nous travaillons.
27. Tous, Pères et Frères, nous participons, selon les différents ministères et travaux que nous sommes appelés à accomplir, à la mission de Réconciliation confiée par l'Eglise à la Congrégation.
28. Pour un meilleur service, nous travaillons en étroite collaboration avec les laïcs, le clergé diocésain et les autres congrégations, sous l'autorité de l'Evêque et selon les orientations pastorales de l'Eglise.
Publié dans MISSION (FR)
samedi, 11 mai 2013 19:55

Photo> Kapituła w Angoli

W dniach od 7 do 12 stycznia odbyła się pierwsza Kapituła Prowincjalna w Angoli. Wybrana nowa rada Prowincjalna na zdjęciu nr. 12
Entre 7 et 12 Janvier, a eu lieu  le premier Chapitre Provincial en Angola. Nouveau Conseil Provincial dans l'image n. 12
Between 7 and 12 January, took place the first provincial chapter in Angola. New Provincial Council in the image no. 12
Publié dans PHOTO
mardi, 30 avril 2013 09:34

L'Adresse

Missionari di N.S. de La Salette
Piazza Madonna della Salette, 3
00152 Roma
ITALIA

Tel.: (39) 06-532-701-01
Fax.: (39) 06-534-6218
E-mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Web: www.lasalette.info
Facebook : https://www.facebook.com/consilium.generale
Publié dans CONTACT (FR)
lundi, 29 avril 2013 21:26

Photo> Angola

Publié dans PHOTO
lundi, 29 avril 2013 17:00

1 May 1852

LETTRE PASTORALE ET MANDEMENT
DE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE GRENOBLE, QUI ANNONCE
LA POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE DU SANCTUAIRE DE NOTRE-DAME DE LA SALETTE.
PHILIBERT DE BRUILLARD,


par la miséricorde divine et la

grâce du Saint-Siège apostolique, Évêque de Grenoble,

Au clergé el aux fidèles de notre Diocèse,

salut et benediction en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Nos Très-Chers Frères,

Depuis l'origine du christianisme, il est arrivé bien rarement qu'un Evêque ait eu à proclamer la vérité d'une apparition de l'Auguste Mère de Dieu. Ce bonheur, le ciel nous le réservait sans que nous l'ayons mérité personnellement, comme une preuve sensible de sa miséricordieuse bonté envers nos bien-aimés diocésains. C'est une mission infiniment honorable qu'il nous a été donné de remplir; c'est un devoir sacré dont nous avions à nous acquitter; c'est un droit qui nous est conféré par les saints Canons et dont nous avons dû faire usage, sous peine d'une résistance [p. 2] coupable à la voix du ciel et d'une opposition blâmable aux vœux que l'on nous exprimait de toutes parts.

Aussi, notre Mandement du 19 septembre a-t-il été accueilli avec une satisfaction universelle. L'opinion générale avait précédé notre décision, et notre jugement doctrinal n'a fait que lui donner la sanction qui lui manquait pour devenir une certitude pleine et entière.

Nous avons reçu des adhésions, des félicitations, divers dons et des promesses de secours pour le sanctuaire de la Salette, de la part de plusieurs Princes de l'Église et d'un grand nombre de nos vénérables collègues. Plusieurs même d'entre eux ont fait publier dans leurs diocèses notre Mandement, surtout le dispositif où nous faisons appel au concours généreux des prétres et des fidèles tant de la France que de l'étranger. Nous ne parlons pas ici des adhésions de Clergé du second ordre, des fidèles pieux et instruits: elles sont sans nombre. Il y en a de beaucoup de diocèses et de tous les pays, de l'orient et du couchant, du nord et du midi.

Notre Mandement a aussi été reproduit par la presse religieuse de la capitale et des départements. Huit jours après sa publication dans notre diocèse, le vénérable Évêque de Gand le faisait traduire en flamand et le répandait dans toute la Belgique. Bientôt après, il paraissait, traduit en anglais, dans une feuille catholique de Londres. Une feuille religieuse de Soleure (Suisse), et deux autres d'Augsbourg le publiaient en allemand. Traduit en italien, il a paru d'abord à Milan, à Gênes, et enfin le 1er de ce mois, l'Osservatore Romano recevait la permission de lui donner place dans ses colonnes1.

Il devait en être ainsi, nos Très-Chers Frères. Ce n'est pas en vain que la Mère de miséricorde a daigné visiter les enfants des hommes. Ce n'est pas en vain qu'à la vue des désordres qui excitent la colère de son fils, elle est venue en quelque sorte se réfugier dans nos montagnes, verser des larmes, nous avertir des châtiments qui nous étaient réservés si on ne se convertissait pas, nous rappeler la crainte de Dieu, le respect pour son saint nom, la sanctification du dimanche, l'observation de tous les commandements de Dieu et de son Église2. Des paroles descendues de si haut devaient avoir un immense retentissement et être entendues de toutes les nations, comme le lieu où elle s'est montrée devait, ce semble, être assez haut pour être vu de tous les peuples. Reportez-vous à l'origine de ce grand événement: voyez sa naissance presque inconnue, sa diffusion prompte, rapide à travers la France et l'Europe, son vol dans les quatre parties du [p. 3] monde, enfin son arrivée providentielle dans la capitale du monde chrétien. A Dieu seul honneur et gloire! Nous n'avons été qu'un faible instrument de sa volonté adorable. C'est à l'Auguste Vierge de la Salette qu'est dû ce succès inouï, prodigieux; elle seule avait tout disposé pour amener ce résultat inespéré; elle seule avait triomphé de tous les obstacles, résolu toutes les objections, anéanti toutes les difficultés; elle seule avait préparé le succès; elle seule saura couronner son œuvre. Pour notre part, nous n'avons qu'à la remercier mille fois du choix tout gratuit qu'elle a fait de nous pour être le héraut de sa gloire et de la miséricordieuse protection dont elle veut bien toujours couvrir notre bien-aimé Diocèse, notre chère patrie et le monde entier.

1. Cependant, nos Très-Chers Frères, nous n'avons encore rempli qu'une partie de la grande mission que le ciel nous a donnée; une autre, non moins belle, non moins importante à la gloire de Dieu, à l'honneur de la Vierge sans tache, au bonheur de notre diocèse et au bien de la France entière, nous reste à accomplir; et pour l'accomplir, nous n'épargnerons ni soins, ni peines, ni sacrifices: trop heureux de consacrer les restes de notre longue carrière à la fondation d'un nouveau pèlerinage en l'honneur de Celle qui est si justement proclamée le secours des Chrétiens, le refuge des pécheurs, la consolatrice des affigés, le salut des infirmes3 ; pèlerinage qui sera pour le peuple chrétien, dans la suite des temps, la forteresse de Sion, une ville de refuge", un asile contre les coups de la justice du ciel, si souvent provoquée par les crimes de la terre.

Rappelez-vous ici l'époque à laquelle Marie apparut sur la montagne de la Salette. Cette apparition, le 19 septembre 1846, n'a-t-elle pas été comme la préface des plus grands événements? Voyez les agitations populaires, les trônes renversés, l'Europe bouleversée, la société sur le penchant de sa ruine5. Qui nous a préservés, qui nous préservera encore de plus grands malheurs, si ce n'est Celle qui est venue d'en haut sur nos montagnes, pour y planter en quelque sorte un signe de ralliement et de salut, un phare lumineux, un serpent d'airain6 vers lequel les âmes pieuses ont levé les yeux pour détourner le courroux céleste et nous guérir de blessures incurables!

Le pèlerinage de Notre-Dame de la Salette existe donc déjà, et depuis l'apparition de la bienheureuse Vierge Marie, il est en plein exercice. Il n'y a eu jusqu'ici, il est vrai, qu'une pauvre chapelle en planches, sans prêtres spécialement chargés de la desservir? Mais tout le monde a senti le besoin de se [p. 4] faire un temple en ce lieu privilégié; chacun s'est fait son temple sur cette montagne solitaire. La piété, les soupirs, les larmes en ont été les ornements. Avec quelle confiance, quelle foi, des milliers de pèlerins ne sont-ils pas venus annuellement courber leurs fronts sur cette terre bénie, baiser respectueusement les traces de Marie! Quels sacrifices de voyage n'ont-ils pas faits pour venir chanter avec le Roi Prophète :fundamenta ejus in montibus sanctis (1) 8, « elle a établi sa demeure sur une montagne qu'elle a sanctifée. » « Nous la vénérerons dans un lieu où elle a reposé ses pieds sacrés» : adorabimus in loco ubi steterunt pedes ejus (2) 9! Combien de fois aussi n'avons-nous pas vu de pieux pèlerins déposer d'avance, et pour un sanctuaire qui n'existait encore que dans leurs vœux, des ornements de prix et même des souvenirs d'affection? Ne nous ont-ils pas rappelé cette spontanéité de dons offerts par les enfants d'Israël pour le tabernacle de Moïse et pour le temple de Salomon? Si le fait de la Salette avait encore besoin de confirmation, il la trouverait dans ce concours, dans cette piété, dans cette joie céleste, dans un si grand nombre de sacrifices. Et quelles merveilles de tout genre n'ont pas été la récompense de tant de foi, de tant de dévotion !

Vous l'avez compris, nos Très-Chers Frères: il s'agit maintenant de la construction d'un sanctuaire en l'honneur de notre Auguste Mère, sur la montagne privilégiée qu'elle a daigné honorer de sa présence, sur laquelle a retenti sa céleste voix.

Ce sanctuaire doit être digne de la Reine du ciel et un témoignage de notre reconnaissance envers Elle; digne de notre diocèse privilégié, du pieux concours qui nous édifie, et des généreuses offrandes qui nous parviennent; car, disons-le, ce n'est pas pour une localité plus ou moins restreinte, c'est pour l'univers que nous bâtissons. En quel lieu, en effet, n'a pas retenti le nom de Notre-Dame de la Salette? En quel lieu ne l'a-t-on pas invoqué? Et quel pays, proclamons-le hautement, n'a pas été signalé par quelque faveur temporelle ou spirituelle due à son intercession?

Au milieu du concours général que tout nous fait espérer pour cette noble entreprise, notre diocèse, nous en sommes sûr, ne restera pas en arrière; il se maintiendra, au contraire, à la tête du grand mouvement qui se manifeste de toute part. Notre diocèse, qui a tant de fois répondu si généreusement à notre appel, même en faveur d'œuvres étrangères, entendra notre [p. 5] voix; il répondra à l'appel que nous lui adressons en faveur d'une œuvre qu'il a connue le premier, qu'il aime, dont il a ressenti les heureux effets, d'une œuvre qui est véritablement la sienne, par la volonté du Très-Haut et par le choix tout gratuit de Celle qu'il a depuis des siècles pour première patronne, pour avocate et pour Mère10.

La facilité que nos chers diocésains ont de puiser à cette source de grâces et la proximité des lieux leur assurent sur les pèlerins étrangers des avantages économiques dont les constructions projetées doivent profiter.

Nous voici arrivés au beau Mois de Mai, à ce mois consacré d'une manière toute spéciale au culte de Marie, à ce mois où tant d'hommages lui sont adressés de toutes les parties de la terre, à ce mois de conversions parmi les pécheurs, de grâces pour les justes, de bonnes œuvres multipliées en l'honneur de Celle que l'on n'invoqua jamais en vain11. Eh bien! nos Chers Frères, c'est ce mois que nous avons voulu choisir pour la bénédiction et la pose de la première pierre du Sanctuaire de Notre-Dame de la Salette. Nous avons voulu que cette cérémonie se fit avec un appareil digne de son objet; nous avons invité un de nos plus chers collègues à faire ce qu'il nous eût été si doux de faire nous-même en personne, si, plus encore que l'âge, des souffrances habituelles nous l'eussent permis. En cela, nous avons dû nous résigner à la volonté de Dieu et faire le sacrifice de nos affections! 12.

Nous vous invitons également, nos chers et bien-aimés Frères, à vous rendre vous-mêmes sur la Sainte Montagne, et à augmenter, par votre pieux concours, la magnificence de ce jour qui doit réjouir le ciel et faire tressaillir la terre d'allégresse.

C'est aussi durant ce mois de Marie que dans toutes les églises et chapelles de notre Diocèse seront recueillies les offrandes de la piété pour la construction du nouvel édifice.

II. Mais, nos Très-Chers Frères, quelque importante que soit l'érection d'un Sanctuaire, il est quelque chose de plus important encore: ce sont des Ministres de la Religion destinés à le desservir, à recueillir les pieux pèlerins, à leur faire entendre la parole de Dieu, à exercer envers eux le ministère de la réconciliation, à leur administrer l'auguste sacrement de nos autels, et à être pour tous, les dispensateurs fidèles des mystères de Dieu (1) 13 et des trésors spirituels de l'Eglise. [p. 6]

Ces prêtres seront appelés les Missionnaires de Notre-Dame de la Salette; leur création et leur existence seront, ainsi que le Sanctuaire lui-même, un monument éternel, un souvenir perpétuel de l'apparition miséricordieuse de Marie.

Ces prêtres, choisis entre beaucoup d'autres, pour être les modèles et les auxiliaires du clergé des villes et des campagnes, auront une résidence habituelle dans la ville épiscopale. Ils séjourneront sur la montagne pendant la saison du pèlerinage; et pendant l'hiver, ils évangéliseront les différentes paroisses du diocèse.

C'est donc un corps de missionnaires diocésains que nous instituons dès à présent, que nous voulons vivifier et agrandir de tout notre pouvoir, au prix de tous les sacrifices et avec le concours de nos pieux diocésains et surtout de notre bien-aimé Clergé.

Ces missionnaires suppléeront à ce que ne peuvent faire les corps religieux que nous avons appelés, accueillis, dont nous avons reçu tant d'éminents services, dont nous proclamons hautement le dévouement au diocèse, les vertus religieuses, le savoir, le zèle et les succès. Daignent la Vierge Immaculée, le grand S. Dominique, l'illustre S. Ignace, faire descendre sur leurs enfants chéris une pluie abondante de grâces! Cependant ne pouvons nous pas dire avec le divin maître: La moisson est abondante et les ouvriers en petit nombre! messis quidem multa, operarii aulem pauci (1)14 ? Puissent-ils être bientôt assez nombreux pour que les paroisses de notre diocèse jouissent tour à tour des bienfaits inestimables d'une mission après un certain nombre d'années! Déjà, d'autres diocèses possèdent ce précieux avantage.

Ce corps de missionnaires est comme le sceau que nous voulons mettre aux autres œuvres que, par la grâce de Dieu, il nous a été donné de créer. C'est, pour ainsi dire, la dernière page de notre testament; c'est le dernier legs que nous voulons faire à nos bien-aimés diocésains. C'est un souvenir vivant que nous voulons laisser à toutes et à chacune de nos paroisses; nous voulons revivre au milieu de vous, nos Chers Frères, par ces hommes respectables, qui en vous parlant de Dieu, vous feront souvenir de prier pour nous.

Aussi, nos Chers Coopérateurs, avez-vous salué avec des acclamations de joie notre pensée dès qu'elle vous a été connue: preuve éclatante de la [p.7] communauté de vues et de sentiments qui existe entre vous et celui que Dieu a placé à votre tête.

Cette société de prêtres, destinés à devenir vos puissants auxiliaires, et qui, pour le devenir, font le sacrifice de leur personne, de leur position avantageuse, et embrassent la vie pauvre, dure, laborieuse de l'homme apostolique, réclame votre généreux concours, ainsi que celui de vos honorables paroissiens. Il leur faut nécessairement à Grenoble une maison qui leur serve de noviciat pour former les jeunes prêtres, où dans le recueillement et l'étude, ils se préparent à de nouveaux travaux et dans laquelle ils puissent honorablement abriter leur vieillesse. Il leur faut un modeste mobilier, du linge, une bibliothèque, etc. Tout cela leur viendra de votre générosité qui nous est si bien connue! Tant d'autres œuvres dans notre diocèse ont commencé sans autres ressources que celles qui leur étaient réservées par la Providence, et sont aujourd'hui en voie de prospérité!

Une des plus belles œuvres que vous puissiez créer, nos chers collaborateurs, et la chose est possible dans plusieurs paroisses, c'est une fondation qui assure une mission à votre troupeau, tout les huit ou dix ans. Il en existe déjà de ce genre, et on peut réussir à en augmenter le nombre. Jamais on ne dira assez de quel prix est aux yeux de Dieu une telle œuvre, de quel mérite elle est pour le fondateurl5.

La Sainte Vierge a apparu à la Salette pour l'univers entier, qui en peut douter? Mais elle a apparu aussi spécialement pour le diocèse de Grenoble, qui va en retirer deux avantages inappréciables: un nouveau sanctuaire à Marie, un corps de Missionnaires Diocésains. Ces deux œuvres ne sont devenues possibles que par l'apparition, et pour toujours elles perpétueront le souvenir de l'apparitionI6

A ces causes, le saint nom de Dieu invoqué, nous avons arrêté les dispositions suivantes:

ART. 1er La bénédiction solennelle et la pose de la première pierre, par Mgr. l'Évêque de Valence, assisté d'une députation de notre Chapitre et d'un nombreux clergé, aura lieu le mardi 25 mai.

ART. 2. Il y aura sermon, Vêpres et bénédiction du Saint Sacrement, à l'heure la plus convenable, c'est-à-dire, vers midi.

ART. 3. Une quête sera faite parmi les pèlerins, ce jour-là, par quelques prêtres choisis à cet effet.

ART. 4. Le dimanche qui suivra la lecture de notre Mandement, une [p. 8] quête en faveur du Sanctuaire et des Missionnaires sera faite dans les églises et chapelles du diocèse. Cette quête pourra avoir lieu même à domicile, là où les pasteurs le jugeront convenable. Cependant les dons qui nous arrivent des diocèses étrangers au nôtre, restent toujours et exclusivement affectés à la fondation du pèlerinage.

ART. 5. Les dons en vases sacrés, ornements et linge d'église, etc., seront, ainsi que ceux en argent qui seraient faits de la main à la main, consignés dans un registre, et les noms des bienfaiteurs seront ensuite reportés sur le registre général, qui est déjà déposé dans les archives de l'Évêché et dont un double sera placé dans les archives du Sanctuaire de la Salette. Des prières à perpétuité seront faites pour les bienfaiteurs tant du Sanctuaire que des prêtres destinés à le desservir.

Nous saisissons avec bonheur cette occasion d'offrir nos actions de grâces les plus solennelles à nos vénérables collègues, ainsi qu'aux prêtres zélés et aux pieux fidèles de tout pays, qui nous ont envoyé ou ont promis de nous envoyer de généreuses offrandes. Ces dons inspirés par la foi joints à des prières ferventes sont, nous n'en doutons pas, ce qu'il y a de plus propre à honorer l'auguste Reine du ciel et à désarmer le bras de son Fils, justement irrité par la multitude et l'énormité de nos péchés. Chaque jour nous élevons nos mains suppliantes vers le ciel pour en faire descendre les bénédictions les plus abondantes sur tous et chacun des bienfaiteurs, présents et à venir, connus et inconnus.

Et sera notre présent Mandement lu et publié dans toutes les églises et chapelles de notre diocèse, à la messe paroissiale ou de communauté, le dimanche qui en suivra immédiatement la réception.

Donné à Grenoble, sous notre seing, le sceau de nos armes, et le contre-seing de notre secrétaire, le 1er mai 1852.

†PHILIBERT, Évêque de Grenoble.

Part Mandement

Auvergne, Chan.honor.,Secretaire





(1) Le « le< de ce mois»: le le< avril.

(2) Noter que c'est sans le moindre complexe que l'évêque parle de la «colère [du] fils» et de Marie venant « en quelque sorte se réfugier» à la vue des désordres qui excitent cette colère. Sur les problèmes que soulèvent ce langage dans l'esprit du lecteur du vingtième siècle, voir LSDA II, appendice.

(3) Ces titres figurent dans les litanies de Lorette. (4) Cf. 2 Sa S, 7; Nb 35, etc.

(5) L'évêque pense aux révolutions qui en 1848 eurent lieu dans plusieurs pays d'Europe.

(6) Cf. Jn 3, 14.

(7) Louis Perrin avait assuré le service en tant que curé de la paroisse de la Salette; des deux prêtres qui l'aidèrent, son frère Jacques-Michel et Joseph Faure, aucun n'avait reçu de mandat spécial de la part de l'autorité épiscopale.

(8) « (1) Ps. 86, 1.» (Note au bas de la p. 4.)

(9) «(2) Ps. 131, 7.» (Note au bas de la p. 4.)

(10) Le diocèse de Grenoble a pour patronne principale la Vierge Marie.

(11) L'usage de sanctifier le mois de mai par des pratiques en l'honneur de Marie s'est répandu à partir de l'âge baroque et surtout au cours du dix-neuvième siècle.

(12) D'après le Dr Joffre, son médecin personnel, Mgr de Bruillard était affecté depuis des années d'une névralgie faciale très douloureuse (cf. Bibi. J-1). Il invita donc Mgr Chatrousse, évêque de Valence et ancien vicaire général de Grenoble. Cependant Mgr de Bruillard finit par monter lui aussi à la Salette le jour de la cérémonie.

(13) « (1) Cor. 4, 1.» (Note au bas de la p. 5.)

(14) « Matt. 9, 37.» (Note ail bas de la p.6.)

(15) Les missions paroissiales avaient été un des principaux moyens de réévangélisation après la tourmente révolutionnaire et les guerres de l'Empire.

(16) Cartellier visait sans doute ce passage de la Lettre pastorale, lorsqu'il insinuait dans son Mémoire au pape que l'évêque présentait l'église du pèlerinage comme une preuve à proprement parler de l'apparition (cf. supra, p. 92).

 
Publié dans RESSOURCES (FR)
dimanche, 28 avril 2013 20:38

L'Histoire

Historie des Missionnaires de Notre Dame de La Salette
1846 19 septembre - Apparition de la Vierge Marie à La Salette.
20 septembre - première relation écrite (relation PRA).
La famine, commencée en 1845, décime la France et l'Europe.
1847 Campagnes de presse - Grandes relations (Lagier, Bez, Long, Lambert ... ).
19 septembre: 30 000 pèlerins au moins sur la Sainte Montagne. Huit conférences de discernement sur le fait de La Salette à l'évêché de Grenoble en novembre - décembre.
1848 Révolution en France, émeutes en Europe.
1849 15 000 pèlerins sont déjà inscrits à la confrérie de Notre Dame Réconciliatrice de La Salette.
1850 Le 25 septembre, Maximin rencontre le curé d'Ars (Stern, La Salette 3, p.10).
1851 L'affaire des secrets (Stern, La Salette 3, p.25).
Mandement de Mgr. de Bruillard, daté du 19 septembre. L'apparition est authentique, le culte autorisé, une église sera construite.
1852 Nouveau mandement: le 25 mai, pose de la première pierre; un corps de missionnaires diocésains est créé, les Missionnaires de Notre Dame de La Salette.
1854 Mandement de Mgr. Ginoulhiac, confirmant les décisions de Mgr. de Bruillard et réfutant les objections des opposants. 1858 Le 2 février, les Pères Archier, Berlioz, Albertin, Bassan, Buisson et Petit prononcent leurs premiers vœux, à la chapelle
de l'évêché de Grenoble.
1860 Le P. Sylvain-Marie Giraud prononce les premiers vœux.
Missionnaire et auteur spirituel, il est nommé maître des novices.
1865 Le P. Giraud, élu supérieur, travaille à créer un véritable esprit religieux dans la communauté. Il fonde "Les Annales de Notre Dame de La Salette".
1869-70-71 Concile Vatican 1. Guerre franco-allemande. Commune de Paris.
1875 Maximin Giraud meurt à Corps le 1er mars.
1876 Mgr. Fava demande à la communauté de se doter de nouvelles constitutions votées point par point. Le P. Archier est élu supérieur général. Le P. Jean Berthier fonde l'école apostolique.
1878 Léon XIII invite Mgr. Fava et le P. Henri Berthier à faire approuver les Constitutions par les instances romaines.
1879 Premiers vœux perpétuels des PP. Archier, Buisson, Henri Berthier, Jean Berthier, Perrin et Chapuy. La mission de Norvège est confiée pour dix ans aux Missionnaires de Notre Dame de La Salette. Le 18 avril l'institut est reconnu de droit romain. Les 20 et 21 août, couronnement de Notre Dame de La Salette et consécration de la Basilique.
1880 Départ pour la Norvège (2 Pères, 2 Frères, sept étudiants en théologie). En France, lois contre les Congrégations.
Lois sur les écoles. Le scolasticat part en Suisse.
1882 Les PP. Pajot et Vignon à Hartford (Connecticut) : début de l'expansion en Amérique du Nord.
1896 Le scolasticat à Rome. En 20 ans on est passé de 11 à 150 religieux.
1899 Les Salettins français à Madagascar et dans l'Ouest du Canada.(Saskatchewan).
1901 Loi sur les associations. Le Conseil Général choisit l'exil (Tournai).
1902 L'administration générale en Suisse puis en Italie (Salmata).
Les cinq premiers salettins en Pologne (Cracovie).
Le P. Clément Moussier part des États-Unis pour le Brésil.
1904 Décès de Mélanie Calvat à Altamura (Bari, Italie).
1905 Loi de séparation de l'Église et de l'État, en France.
1914 -18 Première guerre mondiale. Les religieux français peuvent rentrer en France.
1923 Des pères américains rejoignent les pères français à Madagascar (Antsirabe) en vue de la mission en Sakalave (côte ouest).
1926 Approbation définitive des Constitutions.
1934 Première répartition en provinces: France, Pologne, États-Unis, Brésil.
1936 Les Salettins en Argentine (d'abord de Pologne, puis des États-Unis).Word
1937 La province d'Hartford fonde la mission de l'Arakan en Birmanie, mission durement éprouvée lors de l'invasion japonaise puis interrompue par une persécution légale.
1938 Les Salettins de Suisse et du Liechtenstein deviennent une province.
1939-45 Deuxième guerre mondiale.
1943 Mgr. Caillot rappelle les Missionnaires de La Salette au Sanctuaire, berceau et maison-mère de leur Congrégation.
1945 Aux États-Unis, une nouvelle province: Attleboro.
1946 Angola: les salettins suisses en mission. Centenaire de l'apparition. Congrès marial à Grenoble - La Salette.
1948 Philippines, mission ouverte par les salettins d'Attleboro.
1961 Une troisième province aux États-Unis, centrée à St Louis, Missouri.
1962 Le Concile Vatican 2. Les œuvres d'Italie deviennent la province de Marie médiatrice.
1967 Une 4ème province aux U.SA (Olivet puis Milwaukee, Wisconsin).
1982 Les Philippines deviennent province. Antsirabe-Madagascar devient province.
1985 Approbation des Constitutions, mises à jour après Vatican 2.
1988 A Madagascar, une seule province salettine pour toute l'Île. Les Pères indiens, formés aux Philippines, ouvrent la mission du Kerala (Inde).
1990 La province de Pologne tente des implantations nouvelles dans l'est de l'Allemagne, en Slovaquie, en Ukraine, en Biélorussie.
1991 Les novices sud-américains à Cochabamba, en Bolivie.
1992 La province de Pologne commence mission en Kazakhstan.
1995- 1996 Une année de célébrations à travers le monde pour le 150ème anniversaire de Notre Dame de La Salette.
2000 Unification de quatre provinces d'Amérique Milwaukee, Hartford, Attleboro, St. Louis.
2001 Inde devient province.
2007 Angola commence mission en Namibie.
2012 Angola devient province.
2012 L'unification des provinces de Suisse et de Pologne

Publié dans MISSION (FR)
dimanche, 28 avril 2013 20:34

L'Apparition


Le samedi 19 septembre 1846, une "belle dame" apparaît à deux enfants, originaires de Corps, dans les Alpes françaises: Maximin GIRAUD, onze ans, et Mélanie CALVAT, presque quinze ans, qui gardent leurs troupeaux sur un alpage de La Salette, le mont Planeau, à 1800 mètres d'altitude. Au creux d'un ravin, ils aperçoivent soudain un globe de feu - "comme si le soleil était tombé là". Dans l'éblouissante lumière, ils distinguent une femme, assise, les coudes sur les genoux et le visage caché dans les mains.
La belle dame se lève et leur dit en français:
Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur, je suis ici pour vous conter une grande nouvelle.
Elle fait quelques pas vers eux. Rassurés, Maximin et Mélanie dévalent la pente: ils sont maintenant tout près d'elle. La belle dame ne cesse de pleurer.
Elle est grande et toute de clarté. Elle est vêtue comme les femmes de la région: robe longue, grand tablier à la taille, fichu croisé et noué dans le dos, bonnet de paysanne. Une chaîne large et plate suit le bord de son fichu. Une chaîne retient sur sa poitrine un grand crucifix. Sous les bras de la croix, à main gauche du Christ, un marteau; à main droite des tenailles. Du crucifix émane toute la lumière dont est formée l'apparition, lumière qui étincelle en diadème au front de la belle dame. Des roses couronnent sa tête, bordent son fichu, ornent ses chaussures.
Voici ce que la belle dame dit aux deux bergers, en français tout d'abord:
Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils... Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir.
Depuis le temps que je souffre pour vous autres!
Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse, et pour vous autres, vous n'en faites pas cas.
Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récom¬penser la peine que j'ai prise pour vous autres.
Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l'accorder. C'est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils!
Et aussi ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans mettre le nom de mon Fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils.
Si la récolte se gâte, ce n'est rien que pour vous autres. Je vous l'avais fait voir l'année passée par les pommes de terre: vous n'en avez pas fait cas. C'est au contraire: quand vous trouviez des pommes de terre gâtées, vous juriez, vous mettiez le nom de mon Fils au milieu.
Elles vont continuer, et cette année, pour la Noël, il n'y en aura plus.
Le mot "pommes de terre" intrigue Mélanie. Dans le patois qui est la langue courante du pays, on dit "las truffas". La bergère se tourne donc vers Maximin... mais la belle dame la prévient:
Vous ne comprenez pas, mes enfants? Je m'en vais vous le dire autrement.
Et la belle dame de reprendre sa dernière phrase, et de poursuivre son discours en patois de Corps:
Si la récolta se gasta... Si ava de bla...
Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera en poussière quand on le battra.
Il viendra une grande famine. Avant que la famine vienne, les enfants au-dessous de sept ans prendront un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront. Les autres feront pénitence par la famine. Les noix deviendront vermoulues, les raisins pourriront.
Ici, la belle dame livre un secret à Maximin, puis un secret à Mélanie. Et elle poursuit son discours aux deux enfants:
S'ils se convertis¬sent, les pierres et les rochers deviendront des monceaux de blé, et les pommes de terre seront ensemencées par les terres.
Faites-vous bien votre prière, mes enfants?"
Pas guère, Madame!" avouent les deux bergers.
Ah! mes en¬fants, il faut bien la faire, soir et matin, ne diriez-vous qu'un Pater et un Ave Maria quand vous ne pourrez pas mieux faire. Quand vous pourrez mieux faire, dites en davantage.
L'été, il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche, tout l'été. L'hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. Le carême, ils vont à la boucherie, comme les chiens.
N'avez-vous point vu de blé gâté, mes enfants?
"Non, Madame!" répondent-ils
La belle dame s'adresse alors à Maximin:
Mais vous, mon enfant, vous devez bien en avoir vu une fois, au Coin, avec votre père.
Le maitre du champ dit à votre père d'aller voir son blé gâté. Et puis vous y êtes allés, vous avez pris deux ou trois épis dans vos mains, vous les avez froissés et tout tomba en poussière.
En vous en retournant, quand vous n'étiez plus qu'à une demi-heure loin de Corps, votre père vous donna un morceau de pain en vous disant: "tiens, mon enfant, mange encore du pain cette année, car je ne sais pas qui va en manger l'an qui vient si le blé continue comme ça!"
"Oh oui, Madame, répond Maximin, je m'en souviens à présent. Tout à l'heure, je ne m'en souvenais pas".
Et la belle dame de conclure, non en patois, mais en français:
Eh bien, mes enfants, vous le ferez passer à tout mon peuple.
Puis, elle s'avance, franchit le ruisseau, et sans se retourner, insiste:
Allons, mes enfants, faites-le bien passer à tout mon peuple.
L'apparition gravit un raidillon sinueux qui monte vers le Collet (le petit col). Là, elle s'élève. Les enfants la rejoignent. Elle regarde vers le ciel, puis vers la terre. Tournée vers le sud-est, "elle fond dans la lumière". Et la clarté elle-même disparaît...
Le 19 septembre 1851, après "un examen exact et sévère" sur l'événement, les témoins, le contenu du message et son retentissement Mgr. Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, jugera, dans un mandement doctrinal, que "l'apparition de la Sainte Vierge à deux bergers, le 19 septembre 1846, sur une montagne de la chaîne des Alpes, située dans la paroisse de La Salette,... porte en elle-même
tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine".
Publié dans MISSION (FR)
Page 78 sur 79
Aller au haut